La xylogravure est la taille en épargne d’une matrice de bois. Elle est la plus ancienne des techniques de l’estampe et permettait déjà au Ve siècle en Orient, et dès le XIIIe siècle en Occident, la (re)production d’images en série et la diffusion d’informations (pieuses, politiques…) à grande échelle.
PROCESSUS
Le graveur, fort de sa panoplie, canif, gouges et ciseaux, creuse autour de l’image en épargnant les lignes, les surfaces à imprimer. Seuls les reliefs de la planche sont encrés et font contact avec le substrat, la feuille de papier. Lorsqu’ils sont écrasés l’un contre l’autre par le cylindre de la presse, ou à la vigueur des mains de l’imprimeur — impression dite « à la cuillère » —, s’opère le transfert du symétrique inverse de la gravure, de son reflet sur l’estampe.
Pour une image polychrome, le choix se porte sur la préparation d’une matrice par couleur sinon l’on travaille en « planche perdue », c’est-à-dire que l’on réutilise la même planche, on la refaçonne entre deux impressions successives. La matrice engendre alors des profils de plus en plus petits pour construire l’image par superposition des tons les plus profonds aux plus clairs ; une technique sans retour qui ne permet pas de réimprimer chaque tirage précédent mais économise le matériau !
En gravure sur bois, l’incidence de coupe de la planche a son importance. Le bois de fil est découpé parallèlement au sens de la fibre et oppose une résistance hétérogène à l’outil du graveur. Veines et nœuds peuvent plus facilement le dévier mais, lors de l’impression, sauront se laisser reporter sur le papier et l’étoffer en textures. Le bois de bout est, quant à lui, découpé suivant la perpendiculaire. La taille des matrices en est de fait réduite, mais leur grain très serré permet de fins détails et des aplats uniformes proches d’une linogravure. Autant de possibles qu’offrent les essences de bois dans leur variété : le merisier autorise une grande minutie, quand le pin éclate volontiers en échardes mais reste tendre avec le graveur. L’artiste Marion Semple en a illustré le procédé pour URDLA. Le catalogue URDLA compte nombre de xylogravures réalisées notamment par Damien Deroubaix, Manuel Ocampo, Patrice Vermeille ou encore Lucy Watts.
Crédits photo : Cécile Cayon