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URDLA, 40 ans d’images imprimées

2 octobre 1978

Déclaration à la préfecture de « l’Union régionale pour le développement de la lithographie d’art », association loi 1901, qui sauve de la faillite le dernier atelier lithographique professionnel de la Région Rhône-Alpes.

L’association récupère les machines et les locaux, s’installe en lieu et place de l’imprimerie Badier : 161, boulevard Stalingrad, Lyon VI. Président élu : Max Schoendorff.

janvier 1983

Pour donner une impulsion à la lithographie de création, l’URDLA devient éditeur et ouvre les portes de son atelier à des artistes de tous âges et de toutes nationalités. Les modalités d’édition sont ainsi déf inies pour tous :

L’URDLA prend à sa charge l’ensemble des coûts de production ; à l’issue du tirage, les exemplaires numérotés sont partagés en deux parts égales, l’une est remise à l’artiste, l’autre est propriété de l’URDLA. Un exemplaire d’archives est conservé dans le fonds de l’URDLA, il est montré dans les foires, salons et expositions… Un exemplaire est déposé à la Bibliothèque nationale de France. Dans le même temps, ouverture d’une galerie d’exposition dans le local attenant à l’imprimerie : pour la première exposition, l’URDLA invite l’Atelier Michel Cassé (Paris) à présenter une sélection de ses productions. Parallèlement, l’URDLA participe à plusieurs expositions hors les murs dans toute la France.

été 1983

Attribution par le CNAP de la grande presse Voirin provenant de l’atelier Arte-Maeght (une machine de sept mètres de long, pesant quinze tonnes et pouvant imprimer des formats de 120 x 160 cm).

juin 1984

Première présence de l’atelier à la foire ARTBasel.

19 février 1987

Pour accueillir et installer la grande presse Voirin, l’URDLA déménage au 207, rue Francis-de-Pressensé à Villeurbanne, dans une ancienne usine (presque 1000 m2 sous verrière). Ainsi ateliers, galerie d’exposition, magasin et bureaux acquièrent l’ampleur attendue.

L’installation dans les nouveaux locaux est rendue possible grâce au soutien de la Ville de Villeurbanne, du Conseil régional Rhône-Alpes, des ministères de la Culture, du Commerce et de l’Artisanat, de la Fondation Léa et Napoléon Bullukian, d’Arrivetz décorateur, de Rank Xerox…

1988

Dix ans de l’URDLA. Une exposition présente les 500 premières estampes réalisées dans les ateliers.

1991

Installation de l’atelier taille-douce.

début 1994

L’URDLA se dote de matériel d’impression typographique. La typographie subit à cette époque, comme la lithographie quelques années auparavant, la même récession économique qui contraint les imprimeurs à abandonner techniques et machines au profit de l’offset et bientôt du numérique.

10 novembre 1994

Adaptation des statuts pour faire correspondre l’association à l’évolution de son activité. Les ateliers maîtrisent l’ensemble des techniques de l’estampe traditionnelle : la gravure en relief ou taille d’épargne (bois gravé ou xyloglyphie, gravure sur bois ou xylographie, linogravure) ; la gravure en creux ou taille-douce (burin, pointe sèche, eau-forte, vernis mou, manière noire, aquatinte, héliogravure) ; la lithographie et ses variantes ; la typographie.

20 septembre 1997

Ouverture de l’exposition Lithographie 1797-1997 qui commémore le bicentenaire de la mise au point de l’impression lithographique par Aloys Senefelder plus de 200 pièces issues de collections publiques et privées et du fonds de l’URDLA sont montrées.

3 octobre 1998

Ouverture de l’exposition XX Primeur, 1978.
URDLA 1998. Pour ses vingt ans, l’URDLA a choisi d’offrir à vingt peintres graveurs nés après 1968 leur première édition d’estampe.

 

Max Schoendorff

Max Schoendorff, URDLA, boulevard Stalingrad, 1984

 

Wolf Vostell

Wolf Vostell, URDLA, boulevard de Stalingrad, 1983

 

URDLA

Inauguration de l’URDLA à Villeurbanne (Charles Hernu, Max Schoendorff, Dorothée Selz, Jean-Paul Bret), 1986

 

Affiche URDLA
4 ·Affiche de l’exposition des 10 ans de l’URDLA

 

oct. 2001

Lancement de la collection de livres Fil à plomb qui vient s’ajouter aux collections des Livres de peintres, Bréviaires et des catalogues d’exposition édités depuis 1985. L’URDLA se surnomme « Utopie Raisonnée pour les Droits de la Liberté en Art ». Le ça presse, bulletin de liaison des adhérents, devient trimestriel.

2007

Grâce au soutien de la Région Rhône-Alpes et la Ville de Villeurbanne une rénovation de la presse Voirin et des locaux est réalisée ; elle coïncide avec les trente ans de l’URDLA et l’exposition XXX ailes qui permet l’édition de nouvelles estampes de très grand format.

20 oct. 2012

Mort de Max Schoendorff, président et fondateur de l’URDLA. Un exécutif intérimaire est élu le mois suivant.

sept. 2013

L’URDLA est désormais associée au programme Focus de la Biennale d’art contemporain de Lyon. Une exposition est consacrée à l’artiste Myriam Mechita. En 2015, avec la complicité de la commissaire Léa Bismuth, à lieu Documents 1929-2015. En 2017, l’URDLA accueille Rob Mazurek pour une exposition et un concert.

2014

Élection d’un nouveau bureau, d’une nouvelle présidente, Christine Vaisse et validation du projet associatif « Point de fuite » qui définit de nouvelles orientations.

2015

Le développement de la médiation étend les visites à des ateliers de pratiques animés par des artistes. Le public scolaire s’agrandit grâce à l’arrivée d’un professeur relai désigné par la Délégation Académique aux Arts et à la Culture. La même année, une exposition à caractère pédagogique sur l’estampe en couleurs, To the happy few, ouvre un nouveau cycle. En phase avec l’évolution du marché de l’art, l’URDLA réinvestit les foires d’art : YIA, SOON, Galeristes…

2016

En collaboration étroite avec l’URDLA, la Bibliothèque municipale de Lyon accueille l’exposition Peintres et vilains. (commissariat : Fanny Schulmann, Cyrille Noirjean). La même année, la Bibliothèque nationale de France consacre à l’URDLA une exposition à caractère rétrospectif. L’URDLA accède à une plus grande visibilité, de nouveaux partenariats institutionnels sont noués à l’échelle locale,
nationale et internationale (Institut d’art contemporain – Collection à l’étude, Musée des beaux-arts de Lyon, Musée d’Issoudun, Subsistances, Centre d’art contemporain de Lacoux…). Le Dictionnaire de l’URDLA est lancé, il est aujourd’hui en suspens faute de ressources nécessaires.

2017

Le développement du mécénat et des partenariats ouvrent de nouvelles perspectives à l’URDLA.

2018

40e anniversaire de l’URDLA, réaménagement de la lithothèque et des ateliers, création d’un nouvel espace permanent dédié à la médiation. La mise en valeur des clichés typographiques issus de son fonds est prétexte à une exposition.

 

Affiche URDLA 100 ans
1 · Affiche de l’exposition Lithographie 1797-1997

 

Exposition Khodja
2 · Vernissage de l’exposition Histoire de faire confiance aux images, de Frédéric Khodja, 2016

Invitation URDLA

3 · Carton d’invitation de l’exposition XXX Ailes, 2008

 

Vernissage de l'exposition Urdla
4 · Vernissage de l’exposition de l’URDLA à la Bibliothèque Nationale de France, 2016 (de gauche à droite : Cécile Pocheau-Lesteven, Laurence Engel, Cyrille Noirjean, Christine Vaisse

Médiation
5 · atelier de médiation, 2018

 

 

Dictionnaire
Pour une utopie raisonnée des droits de la liberté en art

(extraits)

A

ASSOCIATION

Le 1er juillet 1901 Pierre Waldeck-Rousseau fait adopter la loi relative au contrat d’association. C’était une avancée républicaine puisqu’elle permet la constitution d’association sans autorisation préalable. L’association est l’expression d’une liberté publique, confirmée par le Conseil constitutionnel, le 16 juillet 1971, qui considérait qu’ « au nom des principes fondamentaux des lois de la République et solennellement réaffirmé par le préambule de la Constitution, il y a lieu de ranger le principe de la liberté d’association ».

Ainsi la loi confère aux associations la totale capacité juridique sous réserve d’une déclaration préalable précisant l’objet de l’association, son nom, son siège et le nom des personnes responsables.

Cette forme juridique ne pouvait que convenir aux fondateurs de l’URDLA. Ainsi, le 2 octobre 1978, Max Schoendorff, Georges Daru et René Jaros déclaraient au préfet du Rhône l’association dite Union Régionale pour la Défense de la Lithographie d’Art dont le siège était établi à l’atelier collectif Badier, 161 avenue de Stalingrad à Lyon VIe. Son objet était d’ « œuvrer pour le maintien et le développement de cette technique de création spécifique qu’est la lithographie, dans le domaine de l’estampe, pour la sauvegarde, la promotion des acquis professionnels en créant un atelier collectif de recherche et de diffusion ».

Le récépissé était obtenu le 10 octobre, date à laquelle les statuts ont été adoptés, le conseil d’administration et le bureau désignés. Le conseil d’administration comptait vingt-trois membres dont Jean-Claude Vincent et Paul Hickin, qui sont toujours administrateurs de l’URDLA. Le bureau était composé : Du président, Max Schoendorff, qui assumera cette fonction jusqu’à sa mort le 20 octobre 2012.De deux vice-présidents, Éliane Gerôme et Robert Butheau. D’un secrétaire, René Jaros, ayant pour adjoint Jean-Claude Vincent. Ce dernier siège encore au bureau. Il a assuré l’intérim de la présidence à la mort de Max Schoendorff. D’un trésorier, Georges Daru, aidé d’Annie Vitet, trésorière adjointe. Le 11 octobre, une demande de subvention de 40 000 francs était sollicitée auprès du Conseil général de Rhône.En 1984, 1987 et 1990, les statuts de l’URDLA ont marqué l’évolution de l’association : ils entérinent la modification du siège installé depuis 1986 au 207, rue Francis-de-Pressensé, à Villeurbanne et ils offrent la possibilité d’élargir les ressources au mécénat.En 1990, l’article 2 définissant l’objet social de l’URDLA précise : « Cette association a pour but : D’œuvrer pour la sauvegarde et le développement de toutes les techniques relatives à la création, à la réalisation et à l’édition d’estampes originales,de multiples et de livres ainsi que de veiller à leur diffusion. D’assurer le maintien, la conservation et la transmission des acquis professionnels spécifiques ainsi que la sauvegarde et l’utilisation des matériels et matériaux traditionnels et historiques.De développer la recherche dans le domaine de l’estampe et du multiple original (technique,matériel et formation, etc.). D’associer cette politique de conservation et d’exploitation d’un patrimoine technique et culturel aux évolutions de l’art.De veiller par une stricte vigilance à l’élaboration et au respect scrupuleux des règles qui doivent régir et limiter la définition d’estampe originale. »Depuis, cet article n’a pas été modifié. Il a servi de fondement au document« Point de fuite » adopté par l’assemblée générale du 10 novembre 2013. Il marquait la volonté des adhérents de poursuivre l’œuvre engagée depuis le 10 octobre 1978. L’indépendance des associations est fondamentale à leur existence. Cependant, elles doivent souvent recourir aux financements publics pour fonctionner et s’assurer des ressources stables, notamment lorsqu’elles ont des salariés.Ce paradoxe peut faire craindre une instrumentalisation des associations par les pouvoirs publics qui demandent des comptes sur l’utilisation de l’argent public distribué.Les conventions, signées entre l’association et un ou plusieurs financiers, garantissent leur indépendance et le respect de l’objet social qu’elles doivent jalousement préserver.

Christine Vaisse

 

 

S

STALINGRAD

C’est par la délibération du 26 avril 1946 que le Conseil municipal de Lyon donna au boulevard Pommerol, dans le 6e arrondissement, son nom actuel : boulevard de Stalingrad, en hommage à la victoire soviétique qui brisa définitivement l’invasion nazie sur le front Est en 1942-1943. Lors de la déstalinisation, au début des années 1960, le général de Gaulle s’opposa à ce que les artères et les places ainsi baptisées subissent les conséquences des décisions du Kremlin et Stalingrad demeura Stalingrad en France. Ce boulevard tranche entre Lyon et Villeurbanne. Jusqu’en 1894, la limite entre les deux communes traversait l’espace du parc de la Tête-d’Or. Ensuite la frontière emprunta le talus de la voie ferrée Lyon-Genève en bordure du parc, hormis au sud du boulevard où les deux côtés, pair et impair, sont lyonnais : là étaient le Palais d’hiver,le plus grand music-hall d’Europe, démoli en 1988,et, au 161, l’imprimerie Badier, le dernier atelier lithographique de la ville pour la sauvegarde duquel fut conçue l’URDLA, domiciliée à cette adresse jusqu’à son installation plus à l’est à Villeurbanne en 1986. L’exiguïté de l’atelier autant que les difficultés à obtenir de la municipalité de Lyon des subventions adéquates avec l’extension de l’URDLA qui déposait alors ses projets de Centre international de l’estampe contribuèrent à décider au déménagement vers la rue Francis-de-Pressensé dans la commune limitrophe, comme l’y invitait son maire, Charles Hernu. Le dépôt par l’État de la grande presse lithographique, dite presse Maeght, précipita les événements et les plans d’extension de l’atelier Badier 1 sur le garage voisin demeurèrent lettre morte à jamais. L’URDLA n’avait pas rendu les armes devant les atermoiements de la municipalité lyonnaise qui retardaient sans cesse son évolution et,boulevard de Stalingrad,c’est le Palais d’hiver qui fut pris d’assaut par les

1. Ils sont consultables aux archives municipales de Lyon, année 1984, dossier des demandes de subvention auprès de la municipalité de Lyon. bulldozers des démolisseurs en 1988.

Georges-Henri Morin

 

 

I

Imprimerie Badier

Située au 161, boulevard de Stalingrad à Lyon, l’imprimerie Badier, du nom d’un ancien patron, exécutait toutes sortes d’impressions en lithographie.En 1976, elle était l’une des dernières à réaliser des travaux commerciaux comme des affichettes,des registres, des tableaux divers pour l’industrie, des étiquettes, des carnets de factures, des bons publicitaires, etc., et plus rarement quelques images artistiques pour des éditeurs ou des artistes locaux. Ce dinosaure de l’imprimerie était maintenu en survie par Ferdinand Ruga, alors gérant,qui se débattait pour ne pas fermer l’entreprise car évidemment la concurrence était très rude avec les imprimeries offset,plus rapides et moins chères.On entrait au 161 par une petite porte qui donnait sur un minuscule bureau et, tout de suite à droite, on pénétrait dans l’atelier en commençant par le grainoir avec déjà des dizaines de pierres nous entourant sur des rayonnages en bois. Puis la pièce allait en s’évasant de plus en plus large. On poursuivait avec deux presses à bras puis deux presses lithoplates électriques l’une à côté de l’autre éclairées par deux baies vitrées sur le devant et, derrière à nouveau sur les murs,des pierres matrices rangées sur des étagères presque jusqu’au plafond.L’espace était réduit et chaque élément de travail était à sa juste place.Au-dessus de la partie grainoir et presse à bras,il y avait une soupente où étaient entreposés différentes archives, les papiers divers, des casses typographiques ainsi qu’une petite presse à épreuve.

Marc Melzassard

 

Novilla ©

Usine

U

le mot déjà. On voit ces affiches sérigraphiées dans les ateliers des Beaux-Arts, à Paris en 68. Des cheminées sortent des poings à la place des fumées. Les toits ont ces découpes en dents de scie qu’on leur connaît avec les murs de briques. Alors viennent tout à côté les mots « ouvriers » et « révolte ». Et puis « machines », avec tout l’énigmatique et tout l’imaginaire d’un nom si vague et si vaste.Les mots traînent avec eux leur paysage. Mais il nous reste quoi, quand aujourd’hui c’est aux périphéries qu’on relègue dans les enclaves des zones industrielles cela qui n’existe dans la ville qu’à travers les traces anecdotiques et pittoresques d’une époque révolue ?Quand il ne nous reste pour toute sortie ce vestige de la fabrique de velours Boissier pointe dans le paysage comme l’échine des carcasses décharnées à demi ensevelies aux confins des déserts ou comme ces croix qui dépassent parfois des murs d’enceinte des cimetières. Installée depuis 1986 sous les sheds d’anciens ateliers où logeait très probablement au début dusiècle une briqueterie,avant que s’installent successivement une fabrique de tulle (une photographie de 1920 affiche l’enseigne Kiemlé et Marcet), des ateliers de soierie (le catalogue de l’Exposition internationale de Lyon de 1889 fait état à cette même adresse des établissements Clayette & Mantelier, spécialisés dans les « velours unis noir et couleurs, nouveautés pour modes », avant d’usine que la petite musique visuelle, l’enfance d’un art de masse aujourd’hui éprouvé ? Au milieu des années 30,Villeurbanne se dessine comme « le faubourg manufacturier » de Lyon, la croissance de l’industrie à la bascule des siècles accompagnant celle de la ville. Essor qui devait durer jusqu’au milieu des années 60, avant que la crise économique de fasse vaciller les cheminées (« Ce faubourg souillé par la suie des usines », Anatole France).C’est comme monument pour le IIIe millénaire quel’une d’entre elles a été conservée en bordure de la rue Francis-de-Pressensé, à quelques centaines de mètres des locaux de l’URDLA. Désormais traversé d’une passerelle etre converti en point de vue par l’artiste Felice Varini,de se diversifier), l’association participe singulièrement de cette réhabilitation d’anciens lieux industriels, non seulement parce qu’à l’image des révoltes étudiantes de 68 qui ont vu ceux du lycée Brossolette, de la Doua,comme les comédiens du Théâtre de la Cité, faire souffler l’esprit en son indépendance, elle réinscrit conjointement les machines et l’activité artisanale d’une industrie anachronique.On jugera si c’est hasard ou nécessité que les presses destinées aujourd’hui aux estampes d’art succèdent incidemment à quelques activités liées au textile imprimé,ce dernier à l’échelle de l’histoire longue en ayant été, en Europe au cours du Moyen Âge, la première modalité.

Jérémy Liron

 

 

O

OBSTINATION

L’obstination est pour les membres de l’URDLA une qualité capitale –souvent, d’ailleurs, le motre vient dans ça presse sous la plume de Max Schoendorff. L’obstiné, encore convient-il tout de suite de le préciser, est le contraire du têtu : ce dernier, qui métamorphose tout en certitude, est un barbare. L’URDLA, pour sa part, est civilisée.En cette humeur, elles’obstine, comme elle s’est tout au long de son histoire obstinée à vivre tel un artiste, dans la précarité, à s’émanciper des contraintes, à être un défi de résistance à la conjoncture de pénurie, à ne pas être une enseigne marchande, à offrir à tous les artistes l’accès à une discipline indispensable à la plénitude de leur œuvre(conviction, précisait Max Schoendorff, utopique mais non chimérique), à mettre en place une unité pérenne de publication de livres, à se réapproprier les prérogatives de la petite édition, à retrouver l’intimité du papier chiffon, du plomb fondu,de la poix des encres, à réaffirmer avec Kandinsky que « la même résonance intérieure peut être obtenue au même moment par différents arts », à vouloir être populaire, élitiste pour tous, à tenir au souci de perfection dans une réalisation artisanale,à réaliser ce pourquoi elle a été fondée, à ce que l’exception devienne la règle,à défendre la tradition contre le traditionalisme,à être généreuse dans l’exploration, à lutter pour la liberté de créer, à préserver sa souveraineté, à défendre la loi 1901 (cette liberté publique fondamentale qui est le plus sûr moyen d’accéder au dialogue égalitaire avec les administrations), à exister comme association libre de ses choix à l’écart de la pression spéculative. L’URDLA, ou l’extrême obstination d’une démarche militante contre l’injustice sociale, la mutilation de la nature, les entraves à la liberté, le poids de l’argent,le rejet de l’étranger. Comme tout organisme vivant, l’URDLA a connu des crises. Elle les a surmontées avec obstination.Le pire, sans doute, qui puisse arriver serait qu’un artiste, un écrivain ou un passant curieux éprouve un jour d’un des siècles à venir quelques difficultés à comprendre l’obstination de l’URDLA à avoir voulu dès sa fondation élire domicile en utopie.

Christian Petr

 

Manuel Ocampo, 2008

 

U

Utopie

Utopie Tout atteste que la notion d’utopie ne remonte pas au XVe siècle avec la parution du livre de Thomas More qui situe sur une « île nouvelle, appelée utopie » la meilleure forme de gouvernement. L’histoire de l’utopie plonge ses racines les plus anciennes dans la mythologie antique et la philosophie grecque : l’homme, face à sa condition terrestre,a toujours imaginé un monde meilleur situé soit dans le passé, soit dans un avenir plus ou moins lointain et accessible. C’est pourtant au XIXe siècle que l’utopie connaît une nouvelle vigueur avec la pensée et les œuvres de Saint-Simon, Owen et Fourier. L’âge d’or n’est plus situé dans le passé mais devient l’objet d’une conquête sociale, un projet de transformation du monde. Dès lors l’art n’aura de cesse, au cours du siècle suivant, d’entretenir avec l’utopie des liens multiples en révolutionnant les formes sensibles et du visible. Le surréalisme en se donnant comme but de « changer la vie » et « transformer le monde » reconnaîtra en Fourier un précurseur de l’émancipation du désir et de l’imaginaire.

 

 

Dans 1/4 de siècle d’utopie déraisonnable, Max Schoendorff écrivait : « Au début de la décennie 90, l’URDLA parvient désormais à une sorte de palier de cohérence théorique et pratique. Ses harmonies fouriéristes sont plus perceptibles et pour la première fois se dévoila la véridique signification de son acronyme : Utopie Raisonnée pour les Droits de la Liberté en Art. En une dizaine d’années, l’échange et la circulation des expériences ont esquissé la quadrature décentralisée d’un cercle chaleureux. Utopie pour l’accomplissement du désir, projection géométrique dans une quatrième dimension.Dorénavant, peu importerait une tentative de narration chronologique,n’était notre persistance à sentir l’URDLA comme un organisme vivant à la croissance arborescente. » L’URDLA, par son projet de conservation d’un patrimoine technique et artisanal consacré aux métiers de l’estampe mais ouvert en même temps à l’innovation et à la création contemporaine, s’affirme ainsi comme un espace de liberté, d’indépendance et de résistance face à la marchandisation de l’art.Comme le souligne Florent Perrier : « Où l’art et l’utopie en viennent à se toucher, où ils résistent concurremment à l’arbitraire des pouvoirs institués, s’impose la nécessité[…] de faire valoir une esthétique de la résistance. »

Gérard Roche

Source : Florent Perrier, Topeaugraphie de l’utopie.Esquisses sur l’art, l’utopie et le politique, Paris Payot, 2015.

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