Atelier itinérant : résidence de Emma Ben Aziza dans un collège

De janvier à avril 2025, URDLA coordonne l’Atelier itinérant mené par Emma Ben Aziza  au Collège des Gratte-Ciel Morice Leroux de Villeurbanne.

L’Atelier itinérant est un module, conçu par Komplex Kapharnaüm et le TNP, qui s’implante, le temps d’un trimestre, dans un des 98 établissements scolaires de la ville, y permettant la résidence d’un artiste, issu des différents champs de la culture. Après Robinson Haas à l’École élémentaire Château-Gaillard, URDLA coordonne, en lien avec la CHAAP, la résidence de Emma Ben Aziza, au Collège des Gratte-Ciel Morice Leroux de Villeurbanne, de janvier à avril 2025. Ayant répondu à son invitation, Emma Ben Aziza déploie le projet Le Muséum des espèces inutiles, lors des temps de classe et de récréations.

Le Muséum des espèces inutiles
S’inspirant des « boîtes scolaires », dispositif pédagogique mais également outil de propagande colonial du début du XX^e siècle, Emma Ben Aziza invite les élèves à participer à la constitution du Muséum des espèces inutiles, initié en amont de cette résidence et qui se poursuivra au-delà.

Les boîtes scolaires, préparées par les botanistes du Jardin colonial à Paris et à destination des élèves en France, étaient des petites vitrines contenant des échantillons des principales plantes exploitées dans les colonies, de la documentation, des images d’ouvriers dits « indigènes » au travail, ainsi que des produits manufacturés. Avec le Muséum des espèces inutiles, Emma Ben Aziza souhaite « renverser la logique coloniale, en se ré-appropriant les stigmates du passé, et en concevant un lieu et un outil de création collective ». Invités à entrer dans une fiction écrite par l’artiste, les élèves créent leurs propres boîtes, renommées « boîtes d’utilité historique », conçues dans le dialogue et faisant place au sensible et aux affects. 

Expérience en premier lieu, ce chapitre du Muséum des espèces inutiles permet aux collégiens d’explorer comment une approche collective et critique peut transformer la relation à l’histoire et à la transmission des récits, mettre en lumière leur porosité, et intégrer des récits subjectifs dans un projet commun. Il s’agit également, à travers la création d’un objet matériel et non numérique, de les faire s’interroger sur la question de la mémoire, de l’enregistrement, de l’accumulation de données, de la conservation et de la collection, à l’aune de la numérisation.

Les productions issues de cette expérimentation seront présentées lors d’une restitution qui aura lieu au collège en avril 2025, en clôture de la résidence.

Emma Ben Aziza
Née en 1997, à Clermont-Ferrand et diplômée de l’École des Beaux-Arts de Nantes en 2022,  Emma Ben Aziza vit et et travaille entre Lyon, Paris et Tunis. L’intérêt particulier d’Emma Ben Aziza pour les « petites » histoires qui forgent le grand récit se nourrit et se révèle à travers ses recherches sensibles de mémoires de vie, d’images empruntées, qu’elle recueille puis raconte. Vraies et fausses archives s’entremêlent et donnent sens à un ensemble narratif fait de chapitres consacrés aux liens existants entre botanique et histoire des diasporas. Une analogie entre deux témoins de phénomènes de dissémination et de survivance qui nourrit un récit nécessaire pour Emma Ben Aziza. Ce récit poursuivit à URDLA, en tant que lauréate pour la première édition d’Estampes en Région Auvergne-Rhône-Alpes, a donné lieu à l’exposition Chapitre X en septembre 2023, accompagnée de l’édition de 5 estampes inédites.