Message électronique [de Jean-Claude Silbermann] envoyé à mes amis proches pendant le confinement, en date du 28 avril.
Objet : Toto
Je n’ai jamais connu pareille félicité, chers amis.
La banlieue est ravissante et tous les jardins privés sont ouverts, sous les ombrages, dans le parfum de la glycine.
On y partage avec le voisinage, dressés sur des tables recouvertes de nappes joliment ouvragées, sur des pelouses à pâquerettes, des mets succulents et renouvelés, improvisés avec le talent qu’autorise l’abondance. Et nous tous mangeons et buvons à satiété, sans jamais pourtant être rassasiés, pour le plaisir d’avoir à nouveau faim et soif.
Les femmes ont les gestes ronds et lents de la bienveillance, et les hommes, bouleversés, comblent leurs attentes.
Les rencontres et les rires se poursuivent dans la nuit et renaissent au matin. On ne meurt plus.
Et c’est porté par cette joie inépuisable que je vous fais parvenir ces quelques réflexions poétiques qui préludent à la fête que je donnerai après demain chez Toto.
(suivaient en « pièces jointes » les notes parues dans le n° 1 de La courte échelle sous le titre de Quand ?)
La Courte Échelle
Bulletin URDLA par gros temps
La Courte Échelle
Bulletin URDLA par gros temps
Pendant la durée du confinement, 2020.
Une règle, empruntée à Barthes : « Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu’il me désire. Cette preuve existe : c’est l’écriture. L’écriture est ceci : la science des jouissances du langage, son Kamasutra (de cette science, il n’y a qu’un traité : l’écriture-même). » Les plasticiens savent que leur pratique est aussi celle de l’écriture.
Ainsi se dessine la Société des gens URDLA.