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Hauteville, Danielle Stéphane

Modern Hotel, c’est le nom de l’établissement où nous allions séjourner. Un sanatorium déguisé en hôtel. On avait voulu nous éviter les énormes services des établissements qui ressemblaient davantage à des casernes militaires qu’à des havres pour tubards en peine. Un couple dirigeait la maison. Là aussi nous allions disposer d’une chambre commune alors que les hommes résidaient à un étage et les femmes à un autre car la libido des tuberculeux avait la réputation d’être puissante. L’ascenseur restait bloqué entre les deux niveaux, la nuit, pour éviter les rapprochements. Ma mémoire a oublié la présence d’un escalier, mais il devait exister au moins un escalier de service à défaut de degrés officiels. En cas d’accident il fallait bien une possibilité de s’échapper.

Chaque matin le petit déjeuner était apporté dans notre chambre puis une infirmière venait placer nos perfusions. Nous devions rester allongés longtemps. Outre les traitements il nous fallait du repos, encore du repos. Nous lisions, j’écrivais des lettres, des cartes postales et aussi mon journal. Je ne dessinais plus. Mon mari continuait à travailler avec le téléphone. Le déjeuner et le dîner, nous les prenions dans la salle-à-manger, au rez-de-chaussée de l’établissement. Nous disposions d’une petite table alors que les autres pensionnaires mangeaient par quatre ou davantage. Je n’avais aucune envie de leur parler et je me soumettais à une vie sociale réduite au minimum. J’ai accepté à contre coeur la proposition de nos hôtes : manquant de partenaires ils nous proposaient de jouer au bridge. Heureusement, le jeu a cessé rapidement. Peut-être étaient-ils fatigués par mes faibles performances ou bien par mon humeur perpétuellement sombre. La place que je préférais était celle du mort. Je prenais tout mal. Lire et écrire étaient mon seul refuge, avec les conversations téléphoniques des parents, des amis. Nous fumions. Tout le monde ou presque fumait dans le sanatorium et ceux qui n’avaient pas fumé avant ont commencé là. Par désoeuvrement. Tous les âges étaient représentés. Une dame très âgée se trouvait parmi nous pour passer l’hiver : ses enfants avaient trouvé cette solution pour éviter de la prendre chez eux. À part la bibliothèque du Modern Hotel, aucune occupation n’était proposée. Un ami qui avait été soigné pour dépression dans le village nous avait parlé d’un centre culturel où nous pourrions pratiquer des activités intéressantes mais il avait été fermé depuis. La petite salle de cinéma, dans la grande rue, projetait des films deux fois par semaine et à part les bars et les restaurants, aucune autre distraction n’était prévue.

Le village était entièrement consacré aux soins des pulmonaires et des dépressifs et les employés des sanatoriums et des centres psychiatriques étaient cousins des employés des commerces. Tout le monde était au courant de tout ce que chacun faisait et les rumeurs de liaisons allaient grand train. Les ragots faisaient partie des passe-temps.

Nous avions déclaré la guerre à nos bacilles et tous les après-midi, par n’importe quel temps, nous sortions marcher, dans la boue puis dans la neige qui a fini par s’installer. Parfois nous partions en voiture pour aller marcher ailleurs, changer d’horizon, et l’infirmière avec laquelle nous avions sympathisé nous a fourni une carte de la région. Elle était persuadée que notre attitude de battants était favorable à l’amélioration de notre état.

16 avril 2020

La Courte Échelle
Bulletin URDLA par gros temps

Danielle Stéphane

voir Gaëlle Foray, Confinement au sanatorium.

 

La Courte Échelle
Bulletin URDLA par gros temps

Pendant la durée du confinement, 2020.

Une règle, empruntée à Barthes : « Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu’il me désire. Cette preuve existe : c’est l’écriture. L’écriture est ceci : la science des jouissances du langage, son Kamasutra (de cette science, il n’y a qu’un traité : l’écriture-même). » Les plasticiens savent que leur pratique est aussi celle de l’écriture.

Ainsi se dessine la Société des gens URDLA.

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