Peintre tardive à la production intime, Marine Joatton poursuit ses recherches plastiques à URDLA. Celle qui a débuté par la photographie et le dessin renoue avec l’expérience du trait.
Plusieurs mois de travail à URDLA ont mené à l’édition de neuf lithographies inédites. Cette technique traditionnelle d’impression, utilisant la pierre calcaire comme support, a été pour elle l'occasion d'un retour au dessin, où le geste appliqué et souple sur la pierre a retrouvé toute sa vigueur. De ses débuts, elle retrouve le travail des grandes surfaces laissées en réserve et articulées par d'amples aplats qui soulignent une franchise plastique.
Si son approche de la composition diffère de celle de la peinture, c'est dans son traitement de la couleur, là où réside l'essence même de son expression plastique. La couleur, dans sa présence, est appréhendée non par accumulation, mais par stratification, par touches franches. Cette utilisation de la couleur, loin d’être impérative, s’affirme dans sa retenue : cinq des lithographies résolvent cette question dans un travail au noir, explorant habilement la texture de la pierre créant des jeux de contrastes et de profondeurs.
Marine Joatton laisse une place prépondérante à un univers peuplé de personnages qui évoque tantôt la Commedia dell’Arte, tantôt le cirque. Pierrot, funambule ou encore page, empreints de malice, d’humour et parfois de mélancolie donnent à ses images leur atmosphère à la fois nostalgique et familière. La touche de couleur, alors appliquée sur un chapeau ou un habit, vient à souligner un trait de caractère tel un masque du théâtre antique.
Car c’est bien là que se trouve le travail de Marine Joatton. À travers ses images, la plasticienne s’interroge sur la condition humaine, tissant des liens entre le passé, le présent et la réalité imaginaire. Chaque œuvre reflète une innocence supposée perdue.