Mon panier

Votre panier est vide

array(29) {
  ["lastname"]=>
  NULL
  ["firstname"]=>
  NULL
  ["email"]=>
  NULL
  ["last_passwd_gen"]=>
  NULL
  ["birthday"]=>
  NULL
  ["newsletter"]=>
  NULL
  ["newsletter_date_add"]=>
  NULL
  ["ip_registration_newsletter"]=>
  NULL
  ["optin"]=>
  NULL
  ["website"]=>
  NULL
  ["company"]=>
  NULL
  ["siret"]=>
  NULL
  ["ape"]=>
  NULL
  ["outstanding_allow_amount"]=>
  int(0)
  ["max_payment_days"]=>
  int(0)
  ["note"]=>
  NULL
  ["is_guest"]=>
  int(0)
  ["id_shop"]=>
  NULL
  ["id_shop_group"]=>
  NULL
  ["id_default_group"]=>
  int(1)
  ["date_add"]=>
  NULL
  ["date_upd"]=>
  NULL
  ["reset_password_token"]=>
  NULL
  ["reset_password_validity"]=>
  NULL
  ["id"]=>
  NULL
  ["is_logged"]=>
  bool(false)
  ["gender"]=>
  array(3) {
    ["type"]=>
    NULL
    ["name"]=>
    NULL
    ["id"]=>
    NULL
  }
  ["risk"]=>
  array(4) {
    ["name"]=>
    NULL
    ["color"]=>
    NULL
    ["percent"]=>
    NULL
    ["id"]=>
    NULL
  }
  ["addresses"]=>
  array(0) {
  }
}

Connectez-vous

Créez un compte

Le geste de la langue,
Cyrille Noirjean

« L’Inquiétude rythmique », une exposition de Valère Novarina à URDLA croise et articule plusieurs dimensions de notre histoire. Ce sont d’abord des liens ataviques avec le théâtre et plus spécifiquement, à Villeurbanne, avec le TNP. Aussi la présence de Valère Novarina comme auteur du « Le jeu des ombres » que Jean Bellorini met en scène offrait une occasion de manifester des liens anciens qui ont traversé les générations et de participer au centenaire du TNP.

L’attrait de URDLA pour la présentation d’artistes qui circulent dans la littérature, les arts plastiques et le spectacle vivant inscrit cette exposition et l’édition des lithographies dans une collection non nommée mais présente à notre catalogue. Sans doute l’appétence de Max Schoendorff pour les lettres et le théâtre a installé ce goût. Évidemment, on pensera aux lithographies que Bob Wilson réalisa en 1984 alors qu’il travaillait à l’Opéra de Lyon aux mises en scène de deux  « Médée », celle de Charpentier et l’autre avec Gavin Bryars. L’ensemble donna du reste lieu à une exposition au TNP au milieu des années 90 lors de « Hamlet A Monologue. » Ainsi régulièrement depuis près de 45 ans des expositions rappellent cette inclination : Onuma Nemon en 2012, Paul Armand Gette en 2016, Cécile Reims & Fred Deux en 2017, les expositions de Jean-Claude Silbermann (2010 et 2020), Daniel Nadaud (2015), Adrien M & Claire B (2017)…

Pourtant c’est bien là le seul trait qui permet de réunir ces artistes de générations, de provenances et de langages plastiques hétérogènes. La peinture de Novarina peut envahir et obturer la scène du théâtre de Novarina. Cette manière d’habiter la scène fournit à la fois une trame, un appui, mais aussi duplique-t-elle le surgissement des mots (ceux de Novarina ?) et parfois l’obturation de l’ouïe par le chant, par une logorrhée ruminatoire jouée. Ainsi faut-il entendre l’injonction que porte l’une des peintures de l’exposition : « Observez les logaèdres ! » C’est aussi le titre d’un recueil paru chez P. O. L. en 2014. L’injonction se déplace de la page du livre, à la scène du théâtre, à l’espace de l’exposition. Pour que le langage prenne corps il lui faut un espace : dès lors convoque-t-il le temps (rythme). « Les logaèdres sont les mots, mais non-alphabétisés, non domestiqués et alignés et au repos, comme dans le dictionnaire… » c’est-à-dire en attente du rythme de la vie, soit de la respiration, qui les sépare, les dissocie. Les observer indique que ce qui tient cet animal parlant c’est le regard d’où émergera à la fois l’image à la fois les mots portés dans un corps. Il y a bien sûr celui des acteurs qui peuvent jouer avec les peintures et le texte, il y a le corps du livre ou du tableau. Voir Novarina peintre ou dessinateur au travail c’est être face à un corps qui se fait organe d’une langue – « l’organe du langage, c’est la main » a-t-il pu dire. À quelle langue prête-t-il son corps lorsque il peint, lorsqu’il dessine ?

 

Entendez-vous le polyèdre dans logaèdre ? La multiplicité des bases, des appuis et des arêtes : le regard, l’ouïe, la parole et le corps. La contiguïté et le voisinage qui font glisser la signification univoque au profit du rythme, de la coupure et de la scansion. « La parole est d’origine. Elle n’est pas quelque chose qu’on aurait gagné sur les animaux à force d’évoluer, mais quelque chose qui – dans sa dialectique, son dialogue, dans sa traversée respiratoire, son passage par la mort – va plus loin que toutes les choses parce qu’elle les rejoint dans l’instant de leur apparition.
» La parole ne communique pas, n’énonce pas : elle appelle. Le langage n’a rien à décrire puisqu’il commence. » (« L’Animal imaginaire », P. O. L., 2019)

Aussi la peinture qui est langage commence-t-elle : y est appelé le regard de celui qu’on nomme regardeur. Dans ce mouvement de l’œil à la surface du tableau, de ce premier écart s’institue la matrice du rythme. Ainsi est-il convoqué à lier, à faire tenir ensemble les peintures, les lithographies, les dessins. Vient-il troubler et agiter le repos des logaèdres endormis? C’est précisément l’étymologie d’inquiétude. « L’inquiétude rythmique » à la fois le titre d’un tableau de Novarina et le titre d’un article de Jean-Noël Vuarnet à propos de la peinture de son ami. « Le philosophe ès arts, écrit-il dans “ Le Discours impur ”, a la vue double – qui n’est pas la double vue mais donne des perspectives plurielles ou cavalières et des idées chantantes que la langue trahit toujours mais désigne cependant pourvu qu’on la tenaille avec deux pointes, qu’on la tourmente, pour la rendre semblable à la langue des serpents : bifide. » Vademecum au regardeur : prendre appui sur le regard et la vue de l’esprit. Il vaut dans l’exposition et au théâtre.

Cyrille Noirjean

 

Cyrille Noirjean
Retour vers le haut