Six cents mois avant le 24 mai 2018, les violents affrontements du vendredi 24 mai 1968, marqués à Lyon par la mort du commissaire Lacroix, ouvrent vers un retournement de la population française en faveur du gouvernement.
Six mois après le quarantenaire de Mai 68, en octobre 2008, l’URDLA publie dans la bien nommée collection hurdle le récit par Marc Pierret de sa traversée des événements de 68 : pas comme étudiant, il avait alors quarante ans.
Six cent mois après Mai 68, à l’occasion de la publication aux PUL par le Collectif de la Grande Côte de Lyon en luttes dans les années 68, lieux et trajectoires de la contestation, sortent des tiroirs de Daniel Pothin des affiches imprimées et éditées par l’atelier de l’École des beaux-arts de Lyon. Si les affiches sorties des presses de l’École des beaux-arts de Paris, baptisée pendant cette période Atelier Populaire, ont beaucoup circulé, celles réalisées à Lyon n’étaient connues que de quelques aficionados. L’occasion est ici offerte d’en découvrir une large sélection.
Dans Peintres et Vilains, Maurice Pianzola relate l’alliance des artistes et des manants dans les événements survenus autour de 1525 en France et en Allemagne, connus aujourd’hui sous le nom de Guerre des Paysans. Ainsi, dans un texte qui oscille entre analyse politique et épopée, où les artistes (Hans Sebald Beham, Lucas Cranach l’Ancien, Albrecht Dürer, Urs Graf, Hans Holbein le Jeune…) s’érigent en acteurs révolutionnaires aux côtés des forces opprimées, porte-t-il la fonction intrinsèque à l’art imprimé. D’autres artistes par la suite tels Jacques Callot ou Francisco de Goya s’empareront de l’estampe pour dévoiler les victimes d’oppressions.
Six cents mois après, proposition de Mathieu Brèthes (artiste à louer) & Cyrille Noirjean (directeur de l’URDLA) s’étoile en plusieurs lieux. À l’URDLA, au cœur des presses ancestrales, les affiches (prêts de l’Université Lumière, Lyon 2), adossées à la bibliothèque de pavés, chantent une ballade des luttes portées par les artistes & par l’imprimé. Les estampes de Damien Deroubaix et Tony Morgan des années 2000 résonnent avec les motifs et les slogans de 1968. Quant aux photographies de René Basset (prêts de la BML) et la mémoire transportée par SOTRAMEM (entreprise-artiste de Mathieu Brèthes), elles inscrivent les traces du mouvement dans le champ plastique. Le voisinage des éditions (livres, revues, documents) écrit le fil et la forme d’une contestation qui ne s’étiole pas. La radiodiffusion, gond & crapaudine de Mai 68, est réactivée grâce à Bubble.art. Le 31 mai, l’enregistrement en public et à l’URDLA de Cultures Vivantes, permettra de relier les années de luttes à Lyon avec les préoccupations d’aujourd’hui.
Le samedi 26 mai, la fête nationale de l’estampe commémore l’édit de Saint-Jean-de-Luz (26 mai 1660) par lequel le jeune roi Louis XIV « maintient et garde l’art de la gravure en tailles-douces, au burin et à l’eauforte, et autres manières, et ceux qui font profession, tant régnicoles qu’étrangers, en la liberté qu’ils ont toujours eue de l’exercer dans le royaume, sans qu’ils puissent être réduits en maîtrise ni corps de métier, ni sujets à autres règles ni contrôles, sous quelque nom que ce soit. » Cet édit fait suite au soulèvement des graveurs contre la tentative de mise sous coupe réglée de leur pratique par l’architecte Mansart. À la MLIS, l’atelier Slogan contre slogan (animé par Mathieu Brèthes & l’URDLA) invite à jouer avec les slogans de Mai 68, à imaginer comment donner un nouveau souffle à ces clichés repris par la publicité en produisant des affiches, mélanges de linogravure, typographie et collage.
Au TNP, le même jour, pour Les Langagières, Dazibao propose une bal(l)ade en estampes appuyée sur les mots de l’imprimeur qui, depuis l’avantRenaissance, soutient de ses mains les révoltes.
Six cents mois après s’agrège à SCUOLA URDLA qui présente les travaux réalisés cette année universitaire dans des collèges et lycée de la Région Auvergne-Rhône-Alpes grâce au travail des enseignants, d’artistes associés et de l’URDLA. Ainsi deux cent treize élèves purent rencontrer dans le même mouvement l’angoisse face aux possibles qu’ouvre toute pratique artistique et sa résolution dans la structure, ici des techniques de l’estampe. La transmission se tisse sur le fil de l’assertion de Mallarmé en exergue de la précédente exposition : « Je ne sais d’autre bombe qu’un livre. »
URDLA
Jeudi 24 mai 2018 de 18h30