NI DÉBUT NI FIN

« Je compte les jours qu’il n’y a jamais eu, les nuits qu’il n’y aura jamais,

les clefs qui manquent aux nuits pour ouvrir le jour et tout ce qu’il manque

pour faire quelque chose qui ne manque de rien. Mais mon calcul est

toujours faux… à cause des zéros qui démolissent tout,

vous comprenez ! »

Jean-Pierre Duprey, Derrière son double.

Le moment revient, comme chaque année à la fin de l’automne, d’assembler en bouquet le travail d’une saison et de le proposer à l’appréciation des amateurs. Le propos n’est pas de poser un point et de tourner une page : ces expositions sont à envisager dans leur récurrence comme des instantanés, où l’arrêt dessine déjà la reprise du mouvement. Après une courte pause qui lui permit d’embrasser du regard le paysage, le promeneur reprend son chemin. Aussi, lorsque Daniel Nadaud choisit pour titre à l’une des lithographies que nous éditions Ni début ni fin, il parut d’évidence que l’exposition prenne le même nom tant le sens du propos était précisément signifié.

Ni début ni fin désigne à la fois la permanence de la structure et le ruissellement des travaux quotidiens. Ça n’a jamais commencé, et pourtant ça continue sans que l’arrêt comme ligne de mire permette un bouclage. Chacune des œuvres vaut pour son actualité (sa jeunesse) mais chaque nouvelle édition doit être adossée à l’ensemble du catalogue qui grandit depuis 1978. Chaque nouvel élément modifie la totalité qu’il rejoint, et se trouve lui-même changé par ce rapport. Cette dialectique anime depuis trente-quatre ans le travail de l’URDLA.