Très tôt, Paul-Armand Gette se passionne pour les sciences de la nature ; il conduit des recherches entomologiques (publiées dès 1945 et 1947), découvre la flore, étudie et collectionne des spécimens minéralogiques. Tout en s’intéressant à la culture poétique et artistique de son époque, il cultive un goût naturaliste qui le conduit aux bords du Rhône et, ailleurs, aux bords des chemins, à la découverte de modèles dont il diversifiera, plus tard, les angles d’observation. Lorsqu’il s’engage dans une activité artistique déterminée, il combinera aux méthodologies scientifiques d’observation et d’analyse du monde, la poésie. Dès lors, ses travaux artistiques relèvent d’un genre indéterminé, entre l’art et les sciences, au point de contact ou en lisière de chacun de ces champs, dans une pratique qui brouille intentionnellement, pour les anéantir, les frontières des genres et des spécialisations des savoirs ; lorsque le scientifique se marie à l’artistique, les œuvres offrent autant à penser qu’à perturber les acquis. Il est important de percevoir dans cet effort de transversalité et d’indétermination un véritable engagement en faveur de la liberté que l’artiste revendique. Dans le tissu de relations artistiques et scientifiques, il travaille avec régularité, rigueur et persévérance en une démarche orientée sur les questions esthétiques, fondamentalement en jeu dans toute représentation. L’art de Paul-Armand Gette mesure, reporte, inscrit et traduit une vision précise et pourtant fort subjective de la nature. L’amplitude des définitions données par l’artiste permet d’appréhender une totalité que seul l’espace de l’art autorise d’explorer. Au fil des recherches, sa visée sensible (autant projective que photographique) se déplace peu à peu, du bords à la périphérie, du modèle naturel au modèle vivant, pour teinter l’œuvre d’une grande sensualité.
Un motif ou thème, récurrent depuis les années 1950, se développe dans chacune des expositions lyonnaises ; la nature (CAP, Saint-Fons) et le corps (Galerie Domi Nostrae, Lyon) sont les deux principaux thèmes où celui du toucher se trouve décliné et accentué par une édition (Atelier Urdla, Villeurbanne). Ils permettent de mettre au jour des préoccupations pérennes, de découvrir des voisinages et des correspondances à travers lesquels l’œuvre de Paul-Armand Gette s’est construit et continue son exploration passionnée des lisières, de toutes natures ! D’une exposition à l’autre – des bords du Rhône à Saint-Fons au Cours de la Liberté à Lyon chez Domi Nostrae, galerie située à quelques pas de la maison d’enfance de l’artiste, en passant par le toucher aux ateliers Urdla de Villeurbanne – se dessine un parcours à travers les années, où une diversité de formes artistiques tendent un propos, aux diverses lectures et interprétations.
URDLA
Samedi 05 mars 2016 à 12h