Les heures et leurs méandres, leurs sentiers perdus et retrouvés, une pente du temps parcourue avec des feuillages dans les yeux. Les heures et l’humus des jours et des nuits passés. Les heures stratifiées, densifiées, condensées, inversées par le geste qui les allonge et les dresse dans la lumière.
On marche dans les bois de la mémoire, on rêve la forêt du dedans du corps. Le dessin et l’écriture sont les itinéraires croisés d’une marche physique et symbolique dont les tracés mêmes génèrent une forêt. On arpente, on note, on relève, on écarte, on disperse, on récolte, on entrelace, on transporte, on offre, on dépose à la lisière. À qui veut voir et entendre. À qui peut. On parle de forêt à forêt.
On pense aussi avec la forêt aux habitats détruits et toujours menacés des animaux sauvages, chaque jour, chaque heure dans le monde par la déforestation. Et comment, semble-t-il, par voie de conséquence et en retour le voisinage forcé de la faune avec les humains serait la cause de transmissions et de mutations virales dont la pandémie actuelle du covid-19 serait le résultat, comme d’autres récentes et de plus en plus fréquentes (H1N1, Ebola, SRAS…). On plonge en rêve dans la forêt et on y songe.
Et du fond de son sous-bois, confiné rêveur, on embrasse humains et animaux dans l’observation d’une distance infranchissable où seuls le dessin et l’écriture feront sentier et liaison.
La Courte Échelle
Bulletin URDLA par gros temps
La Courte Échelle
Bulletin URDLA par gros temps
Pendant la durée du confinement, 2020.
Une règle, empruntée à Barthes : « Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu’il me désire. Cette preuve existe : c’est l’écriture. L’écriture est ceci : la science des jouissances du langage, son Kamasutra (de cette science, il n’y a qu’un traité : l’écriture-même). » Les plasticiens savent que leur pratique est aussi celle de l’écriture.
Ainsi se dessine la Société des gens URDLA.