Daniel Aulagnier est mort ce mardi 16 juin 2020 au matin. Son œuvre protéiforme débute dans les années 70 par des performances qui engagent le corps de l’artiste. Peu à peu la présence réelle du corps glisse par métaphore dans les dessins et les volumes.
Sa rencontre avec les presses d’URDLA en 2006 permet l’impression et l’édition de trois grand lithographies, « Assemblages. » Des outils imaginaires, sortis de l’industrie qui a présidé à l’invention de nos presses s’agitent sur l’espace de la feuille. Sont-ce des outils ou bien des signes, des lettres en devenir ?
En 2008, sa très grande linogravure « Des signes pour le dire » ouvrait l’exposition de nos trente ans, elle a depuis aussi ouvert l’hommage que nous rendait la Bibliothèque nationale de France en 2016. À l’éclatement des outils vient se mêler la lettre que depuis quelques années il manipule, accroche et colle au corps des visiteurs qui participent aux nombreuses performances qu’il a organisées. C’est le corps qui articule la lettre et lui donne sa forme. La lettre est l’outil du corps nous écrivait-il dans la Courte échelle en avril dernier ; la lettre façonne le corps lui répondrais-je.
Son travail a été présenté dans de nombreux centre d’arts et musées en France, en Europe et au-delà. À Lyon, le public a pu mesurer l’ampleur de son œuvre dans l’exposition à quatre mains à URDLA, en 2014 « Assemblages. » Ces pièces ont toujours manifester ce désir de la rencontre. Aussi l’exposition était elle-même l’assemblage de Daniel Aulagnier et de Frédéric Cordier, de quarante deux ans son cadet. Il répondait à la rigueur rectiligne des linogravures de Cordier par l’éclatement des formes et des œuvres-même produites pour l’occasion à URDLA. Ces « Éclaboussures » sont uniques dans le vaste catalogue URDLA. La même année la galerie Anne-Marie et Roland Pallade lui consacrait une exposition à Lyon.
À la toute fin de l’année dernière nous entamions une nouvelle série de lithographies. Le titre, « Le corps, la rue, la ville », indique la manière dont il noue, dont il nouait à la fin de son œuvre, les éléments qu’il n’a eu de cesse d’interroger. Nous avons pu réaliser la première étape : la ville, c’est Villeurbanne. La seconde restera en suspend, il s’agissait de Paris pour une exposition prévue à l’automne de sa galerie parisienne, Marguerite Milin.
Depuis 2006, il est un compagnon proche d’URDLA, membre de l’association, hier il adressait son pouvoir pour l’Assemblée générale de juillet, estimant qu’il ne viendra pas à Villeurbanne. Pourtant, réitérant son soutien indéfectible, nous réalisions un nouveau multiple, variation du badge URDLA émoi. URDLA et moi y sera dévoilé. Christine Vaisse, Présidente d’URDLA, le Conseil d’administration, les salariés d’URDLA et moi-même adressons nos plus vives pensées à Josée, sa femme, l’un et l’autre semblaient inséparable, et à sa famille. Nous avons aujourd’hui perdu un ami.