Le premier élément qui apparaît est l'atmosphère nocturne de ces estampes. Le noir, déployé dans toutes ses valeurs, est plus pictural que strictement graphique, et l'effet est souvent proche du dessin au pinceau à l'encre de Chine. Le motif y est tantôt modelé en volume, tantôt ramené à la planéité du support dans un geste presque archaïque. Ces figures totémiques (le chat, l'hippopotame, l'homme, l'animal) se dégagent à peine d'un fond bouché. On n'y respire pas. La vibration du fond sur lequel se détachent les Têtes rejoue l'effet du papier froissé que Philippe Cognée utilise par ailleurs dans ses dessins de la même époque, pour atteindre de très beaux effets de matière. D'autres estampes semblent offrir une illusoire mise en situation.
Ainsi Poing, tête, oiseau, état complexe de la recherche de l'artiste, présente un jeu de sur impression du motif (en noir et rouge). Ici, la superposition des plans ne cherche pas un effet perspectif, mais plastique. Homme et animal cohabitent au sein d'une même vision plane aux connotations romanes.
Paul Ruellan