Il est vrai qu’un photographe n’est pas s’il n’est pas foncièrement géomètre. S’il ne marche pas avec le mouvement de la terre, lent et grave, s’il ne pousse pas ses calculs jusqu’à l’infinitésimal. Il n’est qu’à regarder Du côté des Cévennes (1982) pour éprouver le vertige de la nuance : la terre y a des allures de ciel magnifique et vice versa.
Mais l’œuvre de Rajak Ohanian n’est pas que parfaite, elle est aussi humaine… Du portrait de Gaston Bachelard au travail sur les habitants de Sainte-Colombe-en-Auxois, des Gitans des Saintes-Maries-de-la-Mer aux trente-deux employés d’une PME, les images se lisent, se lient entre elles, comme un texte pluriel et dense, un tissu de sens, si l’on préfère. Sur les visages passent des paysages. Sous la géographie affleure l’Histoire (Alep, 1915…). Comme une douleur continue. Contenue.
Roger-Yves Roche