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Une plume épatante

Marc Pierret
_ ~ «Comme dans ses fictions précédentes, l'auteur intègre à  une intrigue extravagante les circonstances de son élaboration en multipliant les sources narratives. Ce roman-ci se développe à  travers trois locuteurs dont la parole mêlée plonge le lecteur
ref. ISBN 978-2-914839-47-1
  • Année : 2014
  • Documents : Facture et certificat d’authenticité

valeur : 21.– €

Expédition dans la semaine

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Marc Pierret

Né à Lille l’année du krach. Enfance asthmatique à Tourcoing, où son père dirige le bureau de La Croix du Nord. Entre le français de l’école, la messe en latin, le cinéma sonore, la radio des réclames et le patois, la langue parle en tous sens. 1936. Blum ! C’est râpé pour les Croix-de-Feu mais congés payés dans les dunes ; à La Panne, évidemment : les signifiants ne sont pas faits pour les chiens.

1937. Visite de l’Exposition internationale. Le petit Marc reste médusé devant une immense peinture présentée dans le pavillon espagnol : Guernica.  Sa mère le tire par la manche.

1938. Cours de solfège rue de la Cloche et piano. La famille est musicienne, à hauteur de Franz Lehár. Pour lui, le sommet, c’est Duke Ellington, entendu place Charles-Roussel sur le phonographe d’un jeune forain gominé.

1940. Communion solennelle le 5 mai. Quinze jours plus tard, c’est l’exode, avec deux autres familles entassées sur un vieux camion de la quincaillerie Richmond. Piqués de Stukas au-dessus de Fauquembergues et retour à pied en poussant une charrette.

1941. Entrée chez les louveteaux de la Troisième Tourcoing. Les cheftaines sont bien jolies.

1943. Certificat d’études primaires obtenu haut la main sous le portrait du maréchal. Ce sera son unique diplôme (jamais encadré).

1944. Soustraction risquée d’un vélo à l’ennemi en déroute.

1945. Orgasme provoqué dans un cinéma de Lille par sa voisine de fauteuil, sans doute une ouvrière non syndiquée. Disparition instantanée de l’asthme. Durant l’été, un étudiant de la faculté de lettres de Lille, élève de Jean Grenier, lui montre sous la vareuse des photos de Man Ray alors qu’ils apprennent à monter des murs dans les ruines du Havre. Quelques semaines après la rentrée scolaire il est renvoyé de son collège. Fugue. Incarcération à Rouen.

1946. Un frère aîné, journaliste à Paris, tente de lui faire faire des piges dans Pour tous films, un magazine à grand tirage du groupe Nuit et Jour. Son absence d’ambition et les  cocktails de presse le détournent de ces nouveaux devoirs.

1947. Valet de ferme. Revenu dans la capitale, Pierret porte des valises gare d’Austerlitz, vend des journaux sur les Grands Boulevards et dort dans un hôtel de chiffonniers, au 8 rue de Vaugirard, un immeuble vétuste où vécut Knut Hamsun (une plaque de marbre l’atteste aujourd’hui). Lecture de Mort à crédit sur les bancs du métro. Pas besoin d’explication de texte.

1948. À son âge, toutes les années sont cruciales. La formation est continue. Pierret découvre la Rose rouge, rue de la Harpe. En veste double face américaine, achetée sur un trottoir de Pigalle à un black soldier, il pratique le slow rapproché. Un soir Jean Genet, qui n’a pas les yeux dans sa poche, le fait inviter à sa table par le directeur, Niko Papatakis. Champagne. En dépit ou à cause de son insolence face à l’écrivain dont la célébrité renversante n’émeut pas son égocentrisme d’adolescent sorti des rails, Pierret a la surprise de s’entendre adresser des propos étonnamment policés. Leur ironie ne lui échappe pas mais il est frappé du sérieux avec lequel Genet réplique à son bavardage. Après cette rencontre, présence régulière dans ces lieux fréquentés par l’intelligentsia. C’est l’enfer. Il ne s’agit pas de son entrée dans le monde, auquel il se frotte à ses risques et périls depuis longtemps, mais d’une mise à nu de son inexistence sociale. Il faut parler. Il ment. Il annonce à tout le monde qu’il prépare un tour de chant. Ce qui l’oblige à débuter à L’Échelle de Jacob. Ses chansons traînent derrière le cher Trenet de son enfance mais leur présentation résonne plus juste dans le contexte de l’époque : il fait rire en ne dissimulant pas son angoisse. Il mangera à sa faim toute une saison en se produisant au Quod libet, accompagné au piano par Léo Ferré.

1949. Pierret a vingt ans. Service militaire en Allemagne. Il noue une relation intensément littéraire avec Droguet, soldat de seconde classe, poète et typographe à Lyon (prix Fénéon en 1955). Droguet, grand camé de la collection Blanche, chez Gallimard, est aussi un ami de Max Schoendorff, qui le publiera un jour aux éditions URDLA.

1951. Libéré à Baden-Baden après avoir rempilé six mois avec le grade de maréchal-des-logis, Pierret a résisté à la tentation de s’engager dans le Corps expéditionnaire des Forces françaises de l’ONU en Corée. Sa solde en poche, il descend à l’hôtel Zum Hirsch, le meilleur de la ville, où réside Luis de Paola, un autre poète, argentin celui-là. Il a fait sa connaissance à la Librairie française. Nommé consul à Hambourg, cet humaniste eczémateux, tourmenté par le péronisme, lui propose de le suivre pour devenir son secrétaire. Pierret y voit d’abord une occasion  de s’exiler en Patagonie avec une malle de livres. Mais l’amour flagrant dont il est l’objet éveille en lui un sentiment de compassion envers la souffrance d’un homme qui voudrait exaucer sa différence comme une forme suprême de culture. C’est l’anti-Genet en quelque sorte. Il demeurera auprès de ce lettré le temps d’apprendre  l’espagnol en déchiffrant l’Histoire universelle de l’infamie, de Borges. Il loge au 13 de l’étroite Caffamarereistrasse, rue réservée du centre de la ville, dans un garni parfois visité par quelque promeneuse insomniaque accostée avec la Mercedes du consul.

1952. Sur les bords de l’Alster, le Destin veut qu’il croise à nouveau Genet alors qu’il est justement en train de lire l’essai que lui a consacré Jean-Paul Sartre. L’écrivain n’apprécie guère le livre. Il est venu en Allemagne pour négocier un à-valoir avec Rowohlt, son éditeur. Dragues sélectives en voiture au bénéfice du voleur. Visite à la Kunsthalle. En écoutant Genet lui commenter un Christ aux outrages, Pierret comprend que le français lui manque. Il décide de rentrer au pays natal et utilise une relation dévote de sa famille pour devenir maître d’internat dans une institution tenue par des marianistes à Carmaux. Gros emprunts de livres à la Bibliothèque municipale.

1954. On retrouve Pierret à Paris. Muni d’excellentes références, il est embauché comme surveillant dans un établissement privé préparant au concours d’entrée à HEC. Retraite parfaite. Méditations au parc Monceau. Lecture de Georges Bataille. Publication de L’Itinéraire, une plaquette composée d’extraits de sa correspondance avec Droguet (Les Écrivains réunis, éphémère maison d’édition lyonnaise créée par Armand Henneuse, communiste belge, ancien déporté à Buchenwald). Visites à Breton et à Paulhan par l’intermédiaire de Droguet.

1955. L’année du haschich. Fréquentation des clubs de jazz.

1956. L’expédition de Suez indispose davantage Pierret que l’invasion de la Hongrie par les chars soviétiques. Brièvement encarté, il distribue L’Huma, assiste à quelques réunions de cellule dans le huitième arrondissement et monte la garde au siège du PCF, carrefour Châteaudun.

1957. Chez Duras, rue Saint-Benoît, il fait lire un texte à Mascolo (qui sera, lui aussi, publié par URDLA). Un texte destiné aux Temps modernes. Pierret y décrit son expérience de pion chez les élites montantes. La réaction de l’intellectuel blanchotien a pour effet de hâter sa désertion du parti. Pierret suit les cours de Merleau-Ponty au Collège de France. Mais la bougeotte le reprend. Il lève dans un vernissage une agrégative d’espagnol qu’il épousera à Bizerte, où la belle a rejoint un poste d’enseignante au titre de la coopération.

1958. Un cargo l’emporte en Grèce depuis Sfax. Errance dans l’Attique, puis séjour à Londres sur les traces du Céline de Guignol’s Band.

1959. Derechef à Paris. Une ex de Godard convainc celui-ci de prendre Pierret comme assistant stagiaire pendant le tournage d’À bout de souffle.

1960. À la suite d’un épisode dépressif, Léonor Fini (finitude oblige) lui obtient un rendez-vous chez Lacan et le voilà en analyse sur le divan d’un de ses meilleurs élèves, Robert Lefort.

1961. Une opportunité s’offre à Pierret de se faire recommander auprès de René Julliard, qui lui signe illico un contrat de lecteur. Jusqu’en 1964, il collabore régulièrement à France-Observateur en qualité de critique littéraire et théâtral. Articles si souvent réfractaires à la bonne pensée de gauche que Claude Roy, dans L’Amour du théâtre, consacre quatre pages à leur ultra révolutionnarisme. On croit Pierret situationniste alors qu’il ignore tout de ce mouvement. Guy Debord rectifiera l’erreur dans L’Internationale situationniste.

1965. Second mariage. Gilbert Lely, le biographe de Sade, et Olivier de Magny, secrétaire aux Lettres nouvelles, sont choisis comme témoins.

1967. Pierret participe en tant qu’auteur à la réalisation d’un film en Inde pour le Service de la recherche de l’ORTF. Thème choisi : les « déserteurs » de l’Occident.

En 1968 Pierret publie son premier roman, Donnant donnant, chez Christian Bourgois éditeur. Le domaine où il excellera commence à se dessiner : déjà l’identité du narrateur est incertaine et l’écriture, en tant qu’aventure du langage, est le véritable sujet du livre. 1969. Sortie aux Nouvelles Éditions Debresse d’un ensemble de confidences recueillies auprès de quelques « déviants sexuels ». Intitulée Utopies et perversions, cette enquête, à laquelle participent Edgar Morin et Kostas Axelos, est interdite à l’affichage. Les années suivantes, Pierret signe sous son nom ou divers pseudonymes des contributions pour Tel Quel, Le Monde, Vogue, Life, La Maison de Marie-Claire et Vingt ans magazine : une dégringolade plumitive de mieux en mieux payée. Il publie aussi des livres de commande : des entretiens complaisants avec Pierre Schaeffer, l’inventeur de la musique concrète, chez Belfond (1969), suivi d’une biographie sommaire et extravagante de Richelieu, pour Fayard (1972). 

1975. Rejet de l’écriture prostitutionnelle : Félix Guattari lui donne une préface pour Le Divan romancier, composé selon la technique du cut-up inventée par Brion Gysin. Ce livre reçoit un étonnant prix Thyde Monnier grâce à son éditeur, Christian Bourgois.

1976-1983. Après la publication d’un récit, Le Fileur du Cygne, aux Éditions du Dauphin (1978), dans une collection dirigée par Jacques Bellefroid, Pierret commet quelques articles pour Art press et voyage : New York, Osaka, Marrakech, Copenhague. Commerce de la peinture et cinéma. Il tourne deux films en Super 8, commercialement non diffusables : L’horreur du film (1981) et surtout Hors texte (1983), un long métrage fantasmatique qui met en scène des personnalités du monde des arts et des lettres.

Depuis lors, Pierret se consacre à ce qu’il appelle « le déshabillage de l’écriture majoritaire ». Sans précipitation. Deux romans paraissent d’abord, dont la critique salue l’originalité de leur structure narrative et le baroquisme vertigineux : Le Mystère de la culture (2002) et L’Attentat de la rue Vaneau (2004), aux éditions Verticales. Puis, chez URDLA, deux autres romans, qui ravagent la fabrique des écrivains dévoués aux médias : Le Lymphome d’Hazelbeck (2009) et Une plume épatante (2014). Ils sont précédés, chez le même éditeur, d’une confession de l’auteur sur son engagement politique en mai 68 : Six mois après (2008).

Notons enfin que Pierret a convolé une troisième fois en épousant un professeur de médecine du sexe opposé au sien. Sa vie est un roman qu’il dynamite tous les jours. Assombrir un peu plus l’avenir avec des phrases prêtes à l’emploi sur le sable des plages n’est pas son genre. Son Journal du printemps 75 livrera bientôt les secrets d’une inécriture plus active que jamais à l’approche du dernier chapitre. 

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