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Traces and Whispers from Emptiness (Somme, to Wilfred Owen)

Paul Hickin
ref. 9951
  • Technique : Burin
  • Dimensions : 28 x 22 cm
  • Tirages : 16 exemplaires, numérotés et signés
  • Papier : japon appliqué sur vélin de Rives gris
  • Année : 1999
  • Documents : Facture et certificat d’authenticité

valeur : 200.– €

Expédition dans la semaine

cadre non fourni

Paul Hickin

Paul Hickin, graveur et scénographe, né en 1941 à Codsall en Angleterre. Vit et travaille en France.

Destiné à suivre le modèle de son père, ingénieur dans la reconstruction dans l’après Seconde Guerre mondiale, le hasard en décidera autrement et va bouleverser son existence. Renversé par une voiture, il se retrouve aux soins intensifs avec de graves troubles de la vision pendant plus de deux ans. Une nuit, à l’hôpital, il se réveille brutalement avec, allongé près de lui, un blessé de la Première Guerre mondiale dont les orbites ont été greffées.

Cette expérience traumatisante, pendant laquelle il perçoit avec une extrême acuité toutes les nuances du gris et du noir, jouera un rôle déterminant dans son œuvre future et sa fascination pour l’expressionnisme allemand.

Il s’inscrit au collège des Orfèvres aux Beaux-Arts de Birmingham et en même temps commence des études d’histoire. Son travail dans un atelier d’orfèvre le confronte directement à la gravure et en même temps à l’histoire : il grave des montres destinées à des vétérans de la guerre. Le climat politique étouffant de l’Angleterre, qui ne laisse que très peu d’espace à l’art et à la création, le pousse à venir en France. Il s’installe à Lyon en 1962 où il se lie très vite au milieu artisqtique, fréquente les galeries et découvre le mouvement dada et le surréalisme. Grace à son ami Jim Léon, il réalise une série de collages pour la mise en scène du Cid de Roger Planchon. Ce sera le premier acte d’une longue et riche carrière de scénographe en France et en Belgique. Il travaillera durablement avec Jean-Louis Martinelli mais aussi avec Sylvie Mongin-Algan, Patrick Bonté et Henri Ronse. Il créera les décors de plus d’une trentaine de pièces parmi lesquelles : La maman et la putain de Jean Eustache (nomination aux Molières), et Quartet d’Heiner Muller, Les Petites Morts de Patrick Bonté (Prix de la danse contemporaine en Belgique). Il se lie d’amitié avec Annie Zadek, Bernard Caburet, Eugène Durif, Roger Kowalski, Jean de Breyne, Patrick Laupin, Roger Dextre, Annie Salager, illustrant pour certains d’entre eux leurs ouvrages.

C’est en tant que membre de l’Union des arts plastiques (UAP) qu’il découvre l’atelier Badier qui occupait un petit local boulevard Stalingrad à Lyon. L’activité de l’UAP, qu’animent, entre autres, Madeleine Lambert, Pierre Giouse (Travail et culture) et Max Schoendorff, aboutira à la création de l’URDLA et de la MAPRA. Paul Hickin, qui a déjà exposé dans plusieurs galeries lyonnaises (La Section des piques, Galerie K, L’Ollave, L’œil écoute…) et aussi à Bruxelles, (Galerie L’autre musée (Henri Ronse, co-fondateur de la revue oblique) ainsi que dans divers musées, théâtres et institutions culturelles en Europe et à l’étranger, rejoint l’URDLA en 1982 dont il demeure jusqu’à aujourdhui un adhérent actif comme artiste et administrateur.

Ainsi que le souligne Max Schoendorff : « Paul Hickin personnifie le graveur pur. » S’il n’est pas possible de retracer en quelques lignes l’ensemble de sa production artistique, réalisée intégralement sur les presses de l’URDLA depuis le début des années quatre-vingt, on peut cependant mentionner les créations les plus marquantes. Il réalise en 1991 Set in Copper, six gravures au burin avec un texte d’Eugène Durif tiré à 30 exemplaires. « Écorchures de la matière » écrit par Eugène Durif opère comme un texte miroir : de l’étreinte de l’artiste avec la matière naissent « d’imperceptibles fêlures, minuscules effondrements, restes souterrains et secrets ». Dans le geste précis qui entaille le cuivre nous pouvons : « Imaginer un instant la déchirure de l’œil et guetter ce moment très pur où l’infiniment grand rejoint, en un attouchement léger, l’infiniment petit. »

En 2002, Paul Hickin propose d’exposer au musée de la Résistance et de la Déportation de Grenoble et à la Maison d’Izieu (mémorial des enfants juifs exterminés) ses suites de gravures sur les guerres du XXsiècle sous le titre commun : Traces and Whispers from Emptiness (Traces et chuchotements du néant). Elles seront publiées par l’URDLA avec un long entretien de l’artiste. Max Schoendorff dans sa présentation de l’ouvrage écrit : « Si Paul Hickin évoque à leur propos Wilfred Owen, Heiner Müller et Bruno Schulz, nous pouvons situer ces gravures dans la lignée de Songes et mensonges de Franco de Picasso, des Otages de Fautrier, de Haacke, Kiefer, Polke, Jochen Gerz, Taslizki ou Music. » Elles se situent aussi dans la lignée des Désastres de la guerre de Goya dans une version mécanisée des sociétés modernes. Il exposera une seconde fois en 2010 au musée de la Résistance de Grenoble un ensemble de gravures sous le titre Light on Fragments from Darkness (Lumières sur fragments obscurs).

En 2013, Cruel Sporting, une série de gravures au burin dédiée au poète britannique Siegfried Sassoon, donne son titre à une exposition collective des éditions de l’année à l’URDLA (Cuvée spéciale Paul Hickin. La Biennale de Lyon-Résonance). La publication, l’année suivante, d’un livre avec Bernard Noël, réalise un projet vieux d’une dizaine d’années. Bernard Noël et Paul Hickin s’étaient rencontrés en 2004 à la Cave littéraire de Villefontaine. Le texte de L’Espace du désir, déjà publié chez POL, est repris en 2014 dans la collection « Livres de peintres » accompagné de sept burins de Paul Hickin mettant ainsi un terme à un long cheminement.

Toute l’œuvre gravée de Paul Hickin est traversée par les mouvements antagonistes d’Éros et Thanatos. Nourrie par les lectures de George Orwell et Eric Hobsbawm, elle repose sur un questionnement de la violence récurrente de l’histoire et le sentiment du désastre. Loin de nous proposer une version réaliste du drame historique, elle nous plonge dans le mouvement même de l’indicible, de l’horreur et de la cruauté.

Gérard Roche

Sources : Set in Copper, six gravures au burin de Paul Hickin, texte d’Eugène Durif, tiré à 30 exemplaires signés et numérotés, URDLA, octobre 1991.

Bernard Noël, L’Espace du désir, avec sept burins de Paul Hickin, collection « Livres de peintres », 2014.

Rencontre avec Cyrille Noirjean et Paul Hickin, février 2014, URDLA.

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