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Vedute

Sous l’assertion de Fernando Pessoa, « Je ne crois pas au paysage », la Galerie Michel Descours (Lyon) réunit Mélanie Delattre-Vogt, Marc Desgrandchamps et Frédéric Khodja pour une exposition en résonnance avec la Biennale d’art contemporain de Lyon. Dans ce passage du « Livre de l’intranquillité », Pessoa récuse le lien romantique du paysage avec l’état de l’âme du regardeur. On sait le prix payé par l’écrivain. D’abord dans la difficulté de tenir une position symbolique appuyée sur le nom : en plus du sien propre, quatre hétéronymes principaux signent son œuvre. Et puis sans recours à la tension de l’image, cette tentative de foncer droit sur le réel, sans le cadre, c’est-à-dire sans l’apaisante limite que constitue le paysage, déchaine les effets du réel dans le corps.

L’assertion proposée par la Galerie aux trois plasticiens s’entend dans le dépliement d’une provocation : aujourd’hui le premier mouvement est d’y souscrire. Pourtant les réponses de Mélanie Delattre-Vogt, de Marc Desgrandchamps et de Frédéric Khodja au questionnaire qui constitue le catalogue de l’exposition indiquent l’écart fondamental entre croire le paysage, s’y abîmer et y croire. Chacun livre une expérience infantile du paysage inscrite dans la mémoire, poursuivant le sillon ouvert par Freud des premières impressions de l’enfance. De chacun de ces trois mythes émerge à la fois un objet qui vient trouer le paysage en même temps qu’il le révèle et dessine une structure qui encadre et ouvre à la narration. À ce point divergent les chemins que chacun parcourt.
Mélanie Delattre-Vogt n’embrasse pas le paysage dans sa totalité, mais s’attache aux éléments qui le constitue : l’ensemble tient du un par un. Dès lors, il apparaît de l’entretien du dessiné et du vide – ce qui n’est pas sans lien avec sa formation de musicienne : la note s’entend sur un fonds de silence, la présence de l’absence. Pour Marc Desgranchamps, l’appui sur les lignes, souvent verticales, permet d’attraper quelque chose de ce qui se présente, qu’il en reste quelque chose sur un mode que Cézanne évoque : « il n’y a qu’une route pour tout rendre, tout traduire : la couleur. » Quant à Frédéric Khodja, c’est la fiction qui le vise : qu’est-ce qui se dit dans ce qui s’agence ? Il évoque l’usage du chinois en cuisine, du filtre des éléments une fiction s’écrit.

Ces trois pratiques ne sont pas antinomiques, chacun manifeste que le paysage n’est pas un reflet de l’âme dans le sens où le reflet induit des lieux séparés par ce qui permet la réflexion. Le paysage se constitue dans une topologie du continu. Il n’est pas question d’un dedans (l’âme) et d’un dehors (la nature). Le paysage tient du regardeur, sans le point aveugle du regard, il s’écroule. Chacun invite, chacun avec ses modalités, à apprendre à voir (n’est-ce pas la propre des plasticiens ?), à faire exister le paysage, à le tenir devant soi. « Avec des paysans, tenez, j’ai douté parfois qu’ils sachent ce que c’est qu’un paysage, un arbre, oui – disait Cézanne à Joachim Gasquet – Ça vous paraît bizarre. […] mais que les arbres sont verts, et que ce vert est un arbre […] je ne crois pas que la plupart le sentent, qu’ils le sachent, en dehors de leur inconscient utilitaire. Il faut sans rien perdre de moi-même que je rejoigne cet instinct. » Et d’évoquer Courbert qui pose son ton et demande ce qu’il représente-là. On va voir ; ce sont des fagots. « Ainsi du monde, du monde vaste. Il faut pour le peindre dans son essence, avoir ces yeux de peintre qui, dans la seule couleur, voient l’objet, s’en emparent, le lient en soi aux autres objets. » Cézanne réduit ce possible à la couleur, ce qui n’est pas le cas des trois plasticiens.

Le mouvement demeure : voir pour nommer c’est-à-dire lier le réel irréductible à la condition de l’être parlant. La question qui se pose au regardeur : êtes-vous prêt à y croire ?

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