En résidence à l’URDLA en 2010-2011, il expérimente la technique de l’eau-forte pour la première fois. Il bénéficie alors des conseils techniques et de l’accompagnement de Vincent Brunet, taille-doucier. Il réalise ainsi une première gravure intitulée Le Monde, 17 mai 2011, d’après l’actualité recueillie dans cette édition du journal français. Il grave patiemment la surface de la plaque métallique, allant jusqu’à remplir les moindres espaces disponibles, laissant seulement apparaître quelques blancs, comme des silences ou des respirations. Le résultat s’appréhende tel un tapis d’écriture enchevêtrée. Dans Prospectus, c’est le langage publicitaire récolté quotidiennement dans la boîte aux lettres du logement de l’artiste qui nourrit son imaginaire. Dans la partie droite de ce diptyque, on distingue un point de fuite vers lequel convergent ou duquel émanent – tout dépend du point de vue où l’on se place – de façon circulaire des mots, à la manière d’un mégaphone dispersant les sons dans l’espace. Par ce jeu d’aller-retour constant entre la forme et le sens, entre les signes et le son produit par ceux-ci, l’artiste fait un clin d’œil aux calligrammes d’Apollinaire, ainsi qu’à la poésie concrète.
Au tournant de l’année 2012, Nicolas Aiello expose ces deux pièces aux côtés de Frédéric Cordier, Lucie Chaumont, Philippe Deléglise, Damien Deroubaix, Rémy Jacquier, Jean-Luc Manz, Martine Mougin, Maël Nozahic, Christian d’Orgeix, Jacqueline Salmon, Bruno Yvonnet et Jérôme Zonder à l’URDLA, dans Quelle époque ! Une exposition manifeste, regroupant sous un même toit des plasticiens de générations et de provenances différentes. Nous pourrions citer, comme autre exemple de rencontre transgénérationnelle fructueuse, celle entre Nicolas Aiello et Jacques Villeglé. À plusieurs reprises, leurs trajectoires se sont croisées : d’abord à Rome, en 2009, au Centre culturel Saint-Louis-de-France, à l’occasion d’une exposition où Villeglé devait réaliser une imposante fresque pour laquelle il sollicita l’aide de son benjamin. Aiello présentait quant à lui des dessins, « un peu comme un chanteur fait la première partie d’une rock star ». De cette expérience devait naître à l’hiver 2014 une exposition conçue cette fois en dialogue, intitulée Glyphes animés, à la galerie Entre (Paris). Tous deux y mettaient à l’épreuve le rapport texte/image par l’activation d’alphabets virtuels.
Les œuvres de Nicolas Aiello sont présentes dans plusieurs collections publiques, dont la Bibliothèque nationale de France (cabinet des estampes), la bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou, MNAM Paris et la collection du Centre national de l’édition et de l’art imprimé (CNEAI), Chatou, ainsi que des artothèques (Lyon, Pessac et Grenoble) et médiathèques françaises (Cité nationale de l’immigration, Paris).
Tiberghien