Pierre Giouse profitait de ses moments de liberté pour transcrire dans une écriture ronde, appliquée, silencieuse, ses textes poétiques sur lesquels le temps semble ne pas avoir de prise. Cette poésie s’est également incarnée dans la troisième dimension où ses textes côtoient, dans des assemblages singuliers, des objets divers sous des cloches de verre. Les archives de l’URDLA en gardent la mémoire.
C’est un soir de réunion de l’Union des arts plastiques qui avait racheté l’atelier lithographique du boulevard de Stalingrad que Pierre Giouse fit une entrée fracassante.
Les membres fondateurs, Max Schoendorff, Georges Manillier, Madeleine Lambert, René Münch, Joseph Ciesla, René Jaros échangeaient des réflexions faites d’apartés, digressions, plaisanteries, mais aussi de chiffres et propositions graves et sérieuses quand ils furent interrompus par le cri de guerre que Pierre venait de pousser. URDLA. Peu nous importait l’avenir de la signification exacte de ces cinq lettres rassemblées. La lithographie d’art y était incluse et cela nous suffisait.
Seul l’acronyme, lointain cousin du cri de Tarzan et contemporain de celui de Rahan, héros de bande dessinée d’une préhistoire fantasmée s’élançant pour sauver la veuve et l’orphelin, comptait.
Il permit de passer de « Union Régionale pour le Développement de la Lithographie d’Art » à « Utopie Raisonnée pour les Droits de la Liberté en Art ».
Pierre Giouse venait de faire sa première gravure, non dans le bois, le métal ou la pierre, mais dans la mémoire collective des artistes et amateurs d’estampes, gravure d’un sigle, indissociable de création, ouverture, qualité et déontologie.
Jean-Claude Vincent