Les motifs de Truphémus sont bien semblables aux mots d’un écrivain : ils s’imposent d’eux-mêmes. Inspiration est respiration. L’air de la ville se trouve pris, surpris, entre le dedans et le dehors, dans des espaces intimes qui s’offrent et se retirent à la vue. Ainsi des célèbres Intérieurs de café qui sont comme la signature répétée du peintre. Sa manière de fondre des corps dans des décors, de rendre la présence absente, juste le temps de l’éternité.
Dans une autre de ses toiles, La belle servante nous tourne le dos, pudique et résolue : elle a déjà commencé son voyage à l’intérieur d’elle-même, et pourtant nous la regardons encore un instant, captif de ses formes. Tout Truphémus est là, quelque part entre l’art d’être et le risque de disparaître.
Roger-Yves Roche