Il s’installe à Paris au début des années soixante et se lie au milieu artistique. Édouard Jaguer et Guillaume Corneille, l’un des fondateurs du mouvement Cobra, remarquent sa peinture et l’encouragent. Il rejoint le mouvement Phases en 1973 participant à ses diverses manifestations à Bruxelles, Lima, Toronto, Lisbonne et Paris. Il rencontre Jacques Chemay, Gina Pellon, Gerardo Chavez et le sculpteur Gérard Simoën avec lesquels il participe au musée de Laval, en 1976, à l’exposition collective Paysage en corps. Vers la même époque, il réalise une série de grands dessins à la mine de plomb inspirée par le poème d’André Breton « L’Air de l’eau ». Proche du surréalisme, mais attaché à son indépendance, il collaborera à la revue surréalisante Ellébore fondée par Jean-Marc Debenedetti.
Voyageur infatigable et avide de découvertes, il parcout la planète, visitant les paysages qui l’enchantent : depuis le Mexique, où il réside la moitié de l’année, en passant par les îles Galapagos, l’Amazonie, l’Indonésie et jusqu’au cœur du Tassili Hogar.
Grand lecteur de Ferenczi, dont il admire Thalassa, de Jung et de Bachelard, la nature est la principale source de son inspiration. Chez lui, le concept de « nature naturante » gouverne l’ensemble de sa production plastique à travers sa diversité et sa virtuosité technique s’exprimant dans de grandes toiles, des totems, des objets ou dessins. Comme le souligne Jean-Pierre Bouvet : « À partir de molécules dansantes, il brode son univers en un système d’oppositions complémentaires qui n’est pas sans rappeler la bipolarité des cosmogonies et des grandes mythologies primitives. »
En 1977 il expose à la galerie Verrière à Lyon et participe en 1981 à l’exposition collective Permanence du regard surréaliste à l’ELAC et, en 1983, à Ancrages, organisée par Phases à la galerie Verrière. C’est Jacques Verrière qui lui offrira par la suite l’occasion de deux expositions personnelles à Lyon. Max Schoendorff, qu’il avait déjà rencontré dans l’atelier Michel Cassé à Paris, l’invite à l’URDLA. Il y réalise en 1987 une estampe en couleurs intitulée Voyelles en hommage à Rimbaud. Celle-ci, loin d’être une illustration banale du poème, fait exploser les lettres et les gerbes de fleurs au-dessus des volcans du Mexique. En 2014 il est de retour à l’URDLA pour une résidence. Il produit deux lithographies en couleurs : Rêve de colibri destinée aux exemplaires de tête du numéro 3 des Cahiers Benjamin Péret et Éclosion. Ces deux œuvres participent de la série d’aquarelles « Wantok » qui explore un univers de germinations et de métamorphoses, où se mêlent une flore et une faune hybride, où l’eau et le ciel s’unissent et au-dessus duquel évoluent des libellules. Rien n’est plus proche de cet univers que celui décrit par Bachelard dans La Poétique de la rêverie : « Les rêveries s’unissent, se soudent. L’être ailé qui tourne dans le ciel et les eaux qui vont sur leur propre tourbillon font alliance. »
Gérard Roche