Depuis les années 80, le travail de Gérald Minkoff se confond avec celui de Muriel Olesen. Tous deux imaginent des installations vidéo en circuit fermé où une image animée (« live ») s’incruste dans une œuvre peinte, perturbant ainsi la perception et semant le doute entre réel et virtuel. Les deux artistes explorent ainsi les limites de la lecture de l’image, à travers de savantes mises en scène d’œuvres et d’objets appartenant aux collections du musée (musée d’Art et d’Histoire, Genève, 1986 ; musée des Beaux-Arts, Soleure, 1988 et 2000 ; musée des Beaux-Arts, Olten, 1989 ; musée des Beaux-Arts, Berne, 1990 ; musée de Zoologie, Barcelone, 1995 ; musée archéologique de Tarragone et Musée jurassien des arts, Moutier, 1996).
G. M. se passionne pour les codes linguistiques, en particulier pour le braille, ce qui donne naissance à diverses installations d’objets (musée des Beaux-Arts, Bâle, 1972 ; Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, 1977 ; Galerie de l’UQAM, Montréal, 1984 ; Galerie 40, Rheinfelden, 1992 ; musée des Beaux-Arts, Soleure, 2000).
G. M. développe également un goût particulier pour les palindromes au point d’en inventer plusieurs centaines (Tir, cet écrit, éditions musée d’Art moderne et contemporain, Genève, 1997) ainsi que pour les jeux de mots. Le travail qu’il effectue à l’URDLA s’inscrit dans ce cadre particulier : Sot oh ! photos, sérigraphie, 2000 ; Servile tu te livres, ruban de Mœbius , typographie bois, 2001 ; Sans titre (Le mot de la fin), cliché métal, 1999 (clin d’œil au sculpteur Lemot du Louis XIV de la place Bellecour à Lyon).
En tant que grand connaisseur et fervent collectionneur d’art premier, G. M. conçoit des expositions de sa propre collection (Au quotidien sublime, musée des Arts décoratifs, Lausanne, 1997) ainsi que des collections de divers musées archéologiques (musée des Beaux-Arts, Soleure, 2000) où il accompagne le descriptif de chaque pièce de remarques personnelles, très éloignées du discours scientifique habituel.
Grands voyageurs, lui et sa femme, Muriel Olesen, parcourent les cinq continents et rapportent de nombreuses images photographiques qui donnent lieu à des expositions croisées : la Sibérie en 1992, le Japon en 1993, l’Inde et l’Algérie en 1995, l’Égypte en 1999.
En 1988, le Musée de l’Élysée de Lausanne acquiert une importante collection de ses photographies, ainsi que la Confédération suisse l’année suivante ; idem en 1990 pour le Musée de Lectoure (Gers) et la Banque du Gottard (Tessin).
Gérald Minkoff est mort en 2009.
Jocelyne Naef