Artiste « flâneur », comme il aime à se définir, citoyen voyageur, sa démarche artistique s’inscrit dans l’espace public ou privé pour servir la cité et ses habitants.
« Le regard caché derrière ses lunettes de Tirésias », ainsi le décrit Bernadette Bost dans un article paru dans Le Monde 1 relatif à son exposition « Design moi un mouton… Des mo-t--s ».
Car Jean-Lucien est myope, et une partie de son travail tourne autour de cette problématique.
Les références au regard ou à la cécité sont nombreuses, elles parsèment son œuvre, telles des balises nous rappelant cette fragilité du « voir », du « mal-voir » et peut-être du « non-voir ».
De « Points de vue2 » en passant par « Une tour pour y voir », MODUL'ART® —où les mots écrits de façon monumentale participent de cette crainte — à la série des « lunettes » ou de l'autoportrait aux lunettes CCAO, 20023, Jean-Lucien à travers un champ lexical souvent lié à la vue ne cesse de nous ouvrir les portes de la perception en utilisant des matériaux aussi divers que la peinture, la photocopie, le chocolat, le stratifié, l’inox, la photographie, l’estampe.
1993, Jean-Lucien devient l’un des premiers rescapés de la chirurgie réfractive incisionnelle.
Deux héliogravures tirées à l’URDLA en 1994, reproduisant les yeux de l’artiste, témoignent de l’intervention du Dr Michel Istre, alors pionnier en la matière. Les incisions pratiquées dans la cornée sont visibles et répondent à celles exécutées sur la plaque de cuivre pour former de nouvelles images.
Une invitation à voir et être vu, une attitude qui devient forme.
Suivent deux sérigraphies. Gang des lunettes et Rue de la Paille, éditées en 2001 et 2002 par l’URDLA, derrière lesquelles se cache bien plus que la reproduction de plaques de rue. Mais ça c’est une autre histoire… belge !
Fabienne Gantin